TEXTUEL propose un ensemble de récits organisés autour de l'image. Ces textes prolongent la narration visuelle plus qu'ils ne la complètent. L'objectif est d'apporter à l'angle de prise de vue un écho et des éléments de compréhension nécessaires qui résonnent. Parfois aussi, de proposer des grilles d'analyse et de décryptage lorsque la compréhension de l'environnement s'impose. Ainsi, le visiteur pourra déambuler dans les galeries de son choix, suivre le fil conducteur proposé ou selon son désir et sa sensibilité, s'en écarter en laissant la place libre à ses émotions et ses interprétations. 

 

Prison(s) en perspective

Sans doute. Mais de quelle perspective parle t-on ? Il y a là certainement une ambiguïté, matière à réflexion et à décantation.

S'agit-il de suggérer qu'aucun d'entre nous ne serait à l'abri d'une telle tragédie humaine et que seul le destin puis la fatalité ou la guigne feront le reste ? Une telle perspective doit être résolument écartée, ce n'est pas une proposition philosophique introductive ou un brin provocatrice pour servir de prologue. Néanmoins…

Prisons en perspective, c'est le constat fait assez tôt que les prisons de la République (et avant elles, celles du Royaume et de l'Empire) alimentent régulièrement la littérature dans des œuvres de fiction ou des pages de souvenirs et de témoignages d'anciens détenus ou de personnels pénitentiaires, parfois le propos d'éminents auteurs omniscients et publicateurs féconds pour lesquels il n'est pas nécessaire de posséder les clés du sujet pour délivrer analyses, anathèmes et sentences. La polémique, l'émotion submergent le narratif, le sujet, dont chacun s'empare et ne ressort point indemne ou mieux informé.

Il est vrai que le droit de punir pose question et que la prison en tant qu'elle sert les intérêts de la société, concerne chaque citoyen. Celui-ci dispose du droit d'être informé sur le fonctionnement de l'institution carcérale, méconnue et longtemps enveloppée de mystère parfois il faut aussi l'admettre, bien entretenu. C'est à la faveur, si l'on peut dire, d'incidents graves et médiatisés que la prison s'installe dans les foyers à l'heure du déjeuner, puis une actualité chasse l'autre…

La photographie est entrée derrière ces hauts murs tardivement, bien après la découverte du procédé. Elle a inspiré une confiance crédule puisqu'une photographie donne à voir ce qui existe vraiment. Capturer le réel, c'est la fonction de l'image fixe. Ce constat de vérité semble incontesté, elle produit un témoignage visuel qui documente. C'est sans doute ce qui a inspiré la commande publique passée à un photographe renommé, Henri MANUEL, en vogue auprès de la bourgeoisie parisienne pour son travail de portraitiste, mais aussi publicitaire ou consacré à la mode. Les revues spécialisées en raffolent, il est fortement sollicité ! Entre 1928 et 1932, le photographe ou des membres de son studio partiront sillonner la France et découvriront de nombreuses prisons.

D'autres avant lui ont bien réalisé quelques clichés, mais la monographie la plus aboutie reste l'apanage d'Henri MANUEL. Néanmoins, c'est au milieu des années 1990 seulement que des archives dépoussiérées livreront enfin leurs secrets. Des photographies qui documentent les prisons sont ainsi demeurées plus de 60 années dans des tiroirs ou des placards administratifs, sans aucune perspective…

On y révèle les conditions de vie des détenu(e)s, les ateliers affectés au travail, le prétoire, les promenades… Certes, c'est un peu "cliché'', le style est emprunté mais le matériel encombrant de l'époque excusera une absence de spontanéité tout comme les rencontres préparées avec la population pénale. Henri MANUEL est à juste titre celui qui sort la prison de l'ombre portée pour lui offrir une perspective de visibilité sociale. C'est peut-être pour ce motif que son périple restera méconnu. Pourtant, son approche humaniste aurait pu au moins accompagner, à la Libération, les travaux de la Réforme pénitentiaire proposée par Paul AMOR. 

L'Ecole nationale d'administration pénitentiaire (ENAP) est désormais dépositaire de ce fonds de documentation photographique exceptionnel et a publié…"le MANUEL des prisons" (2017) de Fabienne HUARD-HARDY.

Le programme 15000 d'Albin CHALANDON devenu 13000 par alternance politique en 1988, aurait pu motiver une recherche institutionnelle et mémorielle, à défaut d'être introspective. En effet, on se devait d'admettre, dès 1989, que les pelleteuses feraient disparaitre à jamais les fondations séculaires des premières prisons modernes et pénales décidées par l'Assemblée constituante, pour entreprendre un travail de collecte pour servir à la mémoire collective et au Patrimoine national. Que reste t-il en définitive, au crépuscule du vingtième siècle, du témoignage d'un vécu pénitentiaire daté de ces couvents et monastères, forts et casernes, hérités de l'Ancien Régime, de l'épopée napoléonienne ou pour certains d'entre eux plus récents de la Troisième République ?

Bien souvent ce seront des initiatives personnelles, le goût de l'histoire et de la documentation qui sauveront de l'oubli mais en partie seulement, par la recherche ou la collecte d'informations, des traces de vie élevées au rang de souvenirs, recouvertes par la poussière et les gravats, évacuées dans une décharge. Quelques photographes avisés on bien tenté d'entrer dans l'antre et dans la légende, mais souvent trop tard à l'heure de la fermeture définitive, quand le cœur de la prison a cessé de battre. Car cette mise en perspective photographique de la prison s'inscrit dans un temps long. Sombre perspective…

Les  travaux et recherches dans diverses disciplines des sciences sociales sont venus progressivement combler ces lacunes, ensevelies sous les décombres. On peut s'en réjouir. Néanmoins, la photographie reste secondaire et seconde le chercheur, tout au plus. C'est pourtant une discipline rigoureuse, essentielle pour disposer d'un fonds iconographique géré et cohérent essentiel pour une méthodologie de la recherche. Elle est encore mal maîtrisée dans sa démarche processuelle autonome, complexe dans sa pratique et ses techniques. De ce point de vue, on aura guère évolué depuis les omniscientes analyses et réflexions de BOURDIEU ou Roland BARTHES. Alors, bien souvent, le chercheur qualifié dans sa discipline en fait usage pour accompagner son travail principal et chacun s'en satisfait, tout un chacun devient photographe par la seule mise à disposition d'un appareil. Les mêmes s'étrangleraient sans doute si l'on affirmait qu'il est suffisant d'acheter un Code pour devenir juriste. Affligeante perspective…

Alors, si les quelques lignes qui précèdent peuvent contribuer au sursaut salutaire, il convient de saisir l'opportunité qui se présente avec des opérations immobilières d'envergure pour constituer de manière systématique et avec méthodologie un corpus documentaire cohérent relatif au patrimoine des prisons, au fonctionnement des établissements pénitentiaires, aux conditions et parcours de vie en détention, aux conditions de travail et gestes professionnels des personnels. Chaque prison a son histoire, parfois une culture et une réputation qui justifient un état des lieux. La création d'une Mission ad hoc parait s'imposer pour livrer témoignage, sans attendre avec une lointaine perspective le crépuscule du vingt et unième siècle comme seule ligne d'horizon. A défaut, ce qui aura semblé être une très regrettable erreur d'appréciation d'un temps passé, sera élevé au rang de faute majeure difficile à excuser car impossible à réparer. Saisir dès maintenant et capter le devenir de ce qui deviendra notre passé déconstruit …sans doute un vrai défi et une nouvelle perspective !    

  

 

GRAFFITI de prison     ou la prison des Baumettes racontée autrement

Le graffiti “captif” témoigne du temps qui passe, celui d'une vie recluse écorchée par la solitude, la souffrance, l'exclusion.

Ces dessins et ces tags, ces écrits surgis l'ombre, presque de nulle part, interpellent le visiteur, un intrus dans cet univers en marge. Dans la prison, le graffiti fait corps avec toute surface sensible. Avec les lourdes portes que l'on a refermées, les murs hostiles qui oppressent, le plafond blafard, parfois le mobilier vétuste de la cellule. Le graffiti s'affirme et s'affiche, transgressif. Le graffiti brave l'interdit, et s'expose alors doublement: en tant qu'exutoire mais aussi à des sanctions. Il s'expose malgré tout et contre tous. Il s'exprime, devient porte-voix pour briser le silence et la frustration.

Le graffiti, ce sera ce cri étouffé dans un bâillon que l'on desserre, une griffure, une cicatrice profonde laissée dans un mur de béton tatoué et lacéré, une scarification, une entaille dans le bois ou le métal qui rappellent, lancinante, la condition carcérale.

Le graffiti, c'est un message que l'on délivre dans un contexte, des décors, un environnement singuliers. On ne les retrouve nulle part ailleurs, on ne les ressent jamais avec une telle intensité. C'est un fil conducteur que l'on déroule, avec des pétroglyphes, c'est un récit narratif et souvent synthétique que l'on dévoile en couches successives et après bien d'autres naufragés solitaires, sur le grand mur palimpseste de l'enfermement. Tel un journal de bord intime, on tourne en prison les pages des souvenirs et l'analepse submerge et subvertit le schéma narratif. Alors, les larmes de rage, les désirs, les regrets jaillissent. On y mêle l'arrogance à la provocation, l'ambition retrouvée à la sidération et à l'abandon, l'outrage et l'obscénité au rêve et à la poésie. 

Le temps carcéral impose le tempo, les rythmes de la vie en détention et le canevas du récit. Et on s'accroche dans la solitude à ces fils ténus de la vie pour ne pas retomber. Dans un sursaut, on réaffirme ses origines, l'attachement à la famille, au groupe social, à la cité, au quartier. Le graffiti porte alors une revendication, identitaire. On convoque ses repères et ses racines, on tente de résister. Cette résistance prend forme par le graffiti, c'est un ensemble de signes que l'on dépose dans cet univers provisoire en marge. Une résistance malgré le doute et l'incertitude, une résistance à un environnement hostile, une résistance aux institutions. 

Avec le graffiti, on découvre le lacis d'un itinéraire de vie chaotique qui s'inscrit dans la subjectivité d'un personnage devenu détenu, mais acteur lucide dans un cadre contraint et confiné. Le graffiti devient un compagnon de route solidaire qui raconte une histoire. La sienne. Avec parfois sans doute quelques arrangements avec le réel et d'ambitieuses prétentions. Le graffiti des prisons associe à ce marqueur identitaire un traceur existentiel qui mélange dans un récit parfois confessionnel, réalité et fiction.

Le graffiti rend bien compte d'une urgence d'écriture et de ce passage individuel et soudain à l'acte transgressif. Son auteur libère des émotions enfouies. Le transfert s'opère sur les différents supports dont il dispose. Les mots claquent souvent sans phrases, les images éclaboussent et bientôt prend forme ce mécanisme projectif à l'état brut sur la matière pour rappeler à la personne détenue l'état de sa condition. Pour y parvenir, on emploie les moyens du bord et d'infortune. Le canif à bout rond de la cantine, une dent de fourchette usagée remplacent la bombe aérosol et le pochoir. Le stylo du paquetage se substitue au pinceau et à la palette de couleurs. Ici, pas de crew ou de team, pas de calligraphie, pas de lettrage wildstyle ou 3D ni de tag stylisé pour marquer son territoire ou imposer un art underground et personne ne cantine Molotow ou Montana.

Cet art néo pariétal associé à l'écriture et développé in situ, emprunte au graffiti de rue et au graffiti underground son caractère d'art éphémère, révolté et subversif parfois marqué par la dérision. Cet emprunt cependant n'autorise aucune analogie. Ce graffiti est surtout celui des circonstances, imposés par la situation et le cadre carcéral et restera sans suite après libération. C'est donc celui d'un contexte temporaire et sous influence. Néanmoins, particulièrement complexe à décrypter pour qui ne maîtrise les codes et n'en possède les clés. Il convient donc d'examiner avec circonspection la notion de “graffiti carcéral”. En effet, le graffiti de prison ne peut être réduit à une catégorie homogène qui absorberait à la fois la forme, le fond, l'expression et son auteur, en tous lieux.

Cet environnement (architectural, matériel, social, humain) souvent méconnu requiert une expérience et une connaissance approfondie des lieux, des rituels et des parcours de vie organisés, déterminants pour comprendre son caractère vernaculaire et son sens révélé, ses nuances et saisir sa nature: contestataire, protestataire, identitaire. Sachant qu'il est aussi à des degrés divers, un peu tout cela. La prison devient un capteur d'opportunités et le “personnage captif” demeure en définitive seul maître du jeu et des lieux pour faire le choix des contenus et des formes opportunistes de son intervention dans un espace singulier que le "je" a décidé d'investir et de s'approprier. Ce geste expressif devenant porte-voix s'engage en politique.

Cette production disparate voire hétérogène suggère de multiples lectures, analyses croisées et son lot d'interprétations. Le graffiti convoque pour les faire dialoguer au gré des rencontres, l'anthropologie sociale et l'ethnographie, la sociologie des organisations et la politologie, l'histoire, la criminologie et la science pénitentiaire, la poétique et l'esthétique. Mais aussi la littérature comparée, la philosophie, la sémantique, la sémiotique narrative, l'architecture, l'archivistique. Sans oublier la photographie qui donne à voir et oscille, figurative, documentaire et humaniste pour nous communiquer une “information du réel” ou bien alors conceptuelle, expressionniste et esthétique pour élaborer un corpus artistique. Néanmoins, ce travail d'investigation et de recherche sera le plus souvent réalisé post mortem, dans le silence profond d'un site abandonné devenu friche, amputé de toute mémoire vivante pour porter un quelconque témoignage, même marqué par la subjectivité du récit. Enfin on le sait bien, chaque prison a son histoire et ses publics, des traditions, ses règlements et ses usages…parfois une réputation. Ce travail difficile de décryptage doit être entrepris avec précaution afin de ne pas décontextualiser et détourner le sens du graffiti, recomposer la scène et les décors, écrire une nouvelle page romancée de la prison ou tenter une aventureuse narration hypothético-déductive. Il est tout aussi important de ne pas se placer hors de tout contexte local et d'éviter l'écueil d'une prise de position politique et idéologique sous couverture.

Ce graffiti de prison a été disqualifié, ignoré et relégué. Sans doute au même titre que la structure qui l'a accueilli. Il mériterait une valorisation dont il a été privé et suscite une situation d'urgence à relever. Les travaux d'entretien immobilier, les chantiers de rénovation, les démolitions de prisons vétustes viennent hypothéquer la reconnaissance et la conservation de tous ces graffiti ainsi que le travail de mémoire qui concerne les lieux de détention. Sans préservation et sans archives, c'est évidemment une page méconnue de l'histoire pénale et pénitentiaire que l'on tourne avec indifférence et un fragment de notre patrimoine judiciaire et pénitentiaire dont on se détourne par négligence.

 

Notice introductive à “Baumettes, graffiti sous surveillance” - Septembre 2019 (extraits). Notice augmentée en 2022.

Sélection de graffiti de l'exposition photographique Baumettes, la mémoire de l'ombre organisée à l'occasion de la manifestation “Adieu Baumettes”, de l'ouverture des lieux de détention au public du 15 septembre au 30 novembre 2019 et durant les Journées européennes du Patrimoine 2019 à Marseille. 

 

                                                                                                                                                                                                                    

 BAUMETTES,  la mémoire de l'ombre

La galerie d'exposition présentée in situ constitue un témoignage visuel inédit qui s'éloigne des formes et des contenus habituels qui accompagnent l'évocation des faits divers et les reportages de magazines.

 Cette galerie précède l'ouvrage éponyme (voir dans le menu PUBLICATIONS) et nous entraîne dans les profondeurs d'un univers obscur et reclus, celui de la prison emblématique de Marseille qui a toujours occupé une place à part dans notre imaginaire collectif.

Dans ce microcosme réputé invisible, la photographie affirme sa présence à chaque instant, sans dissimulation et s'immisce sans s'imposer pour faire découvrir une vie quotidienne et sociale bien peu ordinaire, où chacun subsiste avec les moyens du bord, mais en interaction avec d'autres acteurs, compagnons de cellule et de coursive et les surveillants. Un quotidien lent et monotone rompu au gré des opportunités fugaces et éphémères, fixe la ligne d'horizon. La lumière parfois violente, les contrastes et les densités ou le clair-obscur interprètent l'ambiance.

On investit ces lieux insolites qui ont façonné la légende de la prison marseillaise, aux jours gris sans fin, qui révèlent cette part de l'ombre. Car cette icône hante encore notre imaginaire collectif derrière ses hauts murs en pierre qui nous dévoilent seulement des péchés capitaux monumentaux et ornementaux pour intimider et éloigner le passant.

Cette part de l'ombre se déroule à l'intérieur. C'est celle des conditions de vie en détention, de la promiscuité inévitable, des moments de solitude, de tout ce qui accompagne ce temps long d'épreuve partagé: parloirs, promenade, activités, cantines et repas en cellule, expressions et communications autorisées ou illicites…

C'est aussi la révélation d'une ambiance carcérale singulière dans un écosystème complexe, aux usages, aux codes et rituels établis, une architecture de confinement, des cellules, des mobiliers des ustensiles disparates et vernaculaires. Le graffiti, représentatif d'une expression transgressive, dévoile des notes d'ambiance et recouvre des murs blafards, tatoués et scarifiés.

Cette part de l'ombre nous est restituée. Et parce qu'elle sollicite le visiteur-citoyen, nous invite à une réflexion sur le sens de la peine privative de liberté en investissant les lieux de l'enfermement afin de bousculer nos images mentales et convoquer le vaste champ de nos représentations sur la prison.

 

 

SEPTEM PECCATA CAPITALIA      c'est aux Baumettes…ou comment conjurer la prospérité du vice

Gaston CASTEL n'est pas seulement un bâtisseur. Il est visionnaire et soucieux dans ses réalisations de donner du sens. Il fait souvent appel à des sculpteurs. Il faut pour cette prison même éloignée du cœur de la ville, marquer les esprits.

Il faut frapper l'imagination du passant qui se hasarde à poursuivre son chemin vers la calanque de Morgiou et peut-être lui donner matière à réflexion. La symbolique doit être forte pour stigmatiser le coupable et sa faute et désigner au regard curieux du badaud ce lieu de turpitudes et de tourments. L'architecte sollicitera le sculpteur et artiste Antoine SARTORIO.

Des statues monumentales et ornementales représentant les sept péchés capitaux vont ceinturer le mur extérieur de la prison de manière allégorique. Le quartier des hommes des Grandes Baumettes sera pourvu des deux péchés de Gourmandise et de Colère pour encadrer l'entrée principale. La porte principale des Petites Baumettes destinées à recevoir des femmes, sera ornée des péchés d'Orgueil et de Luxure. Simple coïncidence, certainement. Néanmoins, aucune statue ne vient rendre un hommage quelconque, si l'on peut dire, à l'infirmerie et aux malades.

L'Avarice, l'Envie et la Paresse seront dispersées sur le mur d'enceinte.

Tous ces hommes et ces femmes déchus (punition/prison) et couverts d'opprobre sont alors cernés dans l'attente du pardon (rédemption/réinsertion).

Si l'on veut bien considérer que ce projet artistique et ornemental ne pouvait pas ne pas être approuvé par le Conseil général, on demeurera alors bien songeur. Septem peccata capitalia ! Sept vices cardinaux allégoriquement empruntés à la théologie catholique, exposés en miroir à Marseille dans des “terres” radicales et socialistes et durant le Front populaire, sur le domaine public…

 

extraits de l'ouvrage  Prison des Baumettes, la mémoire de l'ombre  aux éditions BoD, 2022